La Gazette des Vivants

SERVIR LA VIE

N° 1 // JANVIER 2021

Ariane : Bonjour Frédérique, bonjour Thierry, vous m’avez parlé fin décembre d’Humanima Vivre Vivant et quand je vous ai dit « c’est un beau projet ! », vous m’avez tout de suite répondu : « Ce n’est pas un projet » !
Alors, c’est quoi, Humanima Vivre Vivant ?

« On a envie de vivre et faire vivre une fraternité sans objet. »

Frédérique (UnPetitPasPour) : Bonjour Ariane ! C’est vrai, pour moi, Humanima Vivre Vivant n’est pas un projet. Ça résonne trop « objectifs, dead-line, livrable ». Humanima Vivre Vivant, c’est la traduction d’une aspiration profonde, un désir de vie libre, authentique, reliée aux autres et à la nature, qui s’est imposé face au matraquage mortifère de 2020.
Avec Thierry, on a envie de vivre et faire vivre une fraternité sans objet. La fraternité est souvent appliquée à un objectif particulier, à une cause, à un type de population : on va aider les plus pauvres, on est solidaire avec un collègue pour un dossier précis, on applaudit les soignants. C’est nécessaire. Pour nous, la fraternité, c’est partager nos intériorités, que chaque être contacte la grandeur d’âme dont nos systèmes ont besoin pour se renouveler.

Thierry (GINKGO Développement) : La vie, le réel, c’est l’inconnu à chaque instant. Avec Humanima, on ouvre une porte sur un devenir qui ne nous appartient pas. C’est un élan qui trouvera sa forme, ses formes, ses contributeurs, en avançant. Une fois pour toutes, il faut assumer le fait qu’on ne maîtrise rien et se placer en réceptivité face à ce que la vie amène !

Ariane/ Dans ce contexte chaotique, où trouvez-vous l’énergie de lancer ce projet … qui n’en est pas un… ? Je ne sais plus comment dire du coup ! (Rires)

F/ Je ne sais pas si c’est une question d’énergie. Simplement, j’ai besoin de m’engager dans une action sociétale, au-delà de mes activités professionnelles de formatrice et psychanalyste. Humanima, c’est ma manière de célébrer la diversité de la vie, de m’émerveiller de la splendeur de ce monde, de goûter la saveur des liens vrais, de me réjouir des différences entre les êtres.

T/ C’est un réflexe archaïque : dans les périodes de guerre, les êtres humains ont toujours eu ce besoin de contrebalancer l’ombre, la violence, le désespoir par une pulsion de vie. Viktor FRANKL* témoigne de cela : comment, aux heures sombres des camps de concentration, au cœur même de l’horreur, les cabarets animés par les prisonniers ont permis la survie de beaucoup d’entre eux. Pour que la vie triomphe, avec Fred, on aurait pu faire un bébé, mais dans ce domaine, on a déjà donné ! (Rires). Chacun de nous détient cette liberté de redonner du sens, ou pas, à son quotidien. Nous avons le choix du regard que l’on porte sur les évènements.
*Découvrir un sens à sa vie

Ariane/ Vous êtes indépendants tous les deux, l’année n’a pas dû être simple ?

F/ Oui, c’est un vrai boulot de ne pas subir le yo-yo émotionnel en fonction des annulations, des reports des formations et accompagnements souvent programmés depuis des mois !
Quand on travaille sur soi depuis des années, c’est intéressant de vérifier si les ancrages intérieurs « tiennent bon ». Cela oblige à trouver en soi des ressources utiles pour la suite du chemin.

Tu sais, les indépendants sont aux premières loges pour ressentir qu’ils sont surtout interdépendants ! On dépend complétement de nos fournisseurs, de nos partenaires, de nos clients. C’est une vulnérabilité matérielle et relationnelle, mais c’est aussi une richesse, car c’est un chemin d’humilité, de confiance, donc une voie de croissance personnelle. Quand, dans ces moments-là, on vous tend la main, vous n’oubliez pas et vous la tendez aux autres à votre tour. C’est vertueux.

T/ Tous les systèmes réellement vivants fonctionnent ainsi, de manière organique, solidaire, spontanément coopérante. C’est juste que pour nous, les êtres humains, quand tout va bien, on l’oublie, on croit qu’on peut tout faire tout seul. Alors que nous sommes tous interconnectés.

Ariane/ Je reviens sur Humanima Vivre Vivant : j’ai bien compris que ce n’est pas un projet, mais pouvez-vous revenir sur l’intention qui vous guide ?

T/ Quand j’interviens en entreprise, pour accompagner les dirigeants, les managers, dans leur transformation humaine, le contexte impose ses limites. Dans notre système, l’entreprise a pour finalité de générer du profit, la dimension humaine est une ressource. C’est tout. Mais en phase de transition, il n’y a pas que les « leaders » qui doivent ouvrir leur regard et leur sensibilité, on a besoin du souffle de chacun.

Il est important que les êtres puissent clarifier leurs propres balises intérieures et enrichir leurs repères. Le respect du Vivant en soi et dans son écosystème passe par une conscience qui cultive son éveil. Ce sont ces chemins-là, empruntés par des anonymes, des gens comme toi et moi, qu’Humanima Vivre Vivant propose de mettre en lumière.

F/ Pour compléter, deux axes nous semblent essentiels : d’abord, vivre des moments résolument humains, mariant authenticité, beauté et sensibilité car ce sont les fondamentaux de l’âme humaine. Là, on est dans ce qui nous anime, Thierry et moi : apporter notre regard affuté et tendre pour l’incroyable diversité et richesse de la nature humaine.

Le deuxième axe, c’est de développer la viralité de ce souffle (sans masque !), avec celles et ceux qui souhaitent partager leur sensibilité.

Ariane/ Alors Humanima s’adresse à qui ?

F/ Humanima est ouverte à tous les êtres qui ont envie de redonner une juste place à la vibration du Vivant en eux et chez les autres. Chacun porte une vibration unique. Chaque parcours de vie est un enseignement, une inspiration susceptible d’éclairer le chemin des autres. La vie inspire la vie. On a aujourd’hui besoin d’encourager le réveil de ce qui rend la vie vivante, avec les inévitables soubresauts de l’existence. Cette palpitation de vie-là, elle vient des profondeurs de l’être … et elle est contagieuse !

T/ Je reviens sur ce que Frédérique disait tout à l’heure à propos de notre envie de vivre une fraternité sans objet. Les femmes et les hommes avec lesquels nous travaillons et celles et ceux qui auront envie de nous contacter, ont en commun le désir de servir la vie. Ils cherchent à mettre leur art, leur talent, leurs compétences au service de plus grand qu’eux et à sortir d’une vision consumériste de l’existence. Je dis d’ailleurs souvent qu’il ne s’agit pas de profiter de la vie mais d’agir de telle sorte que la vie profite en nous et au-delà de nous.
Être, chacun à sa manière, un artisan de sa vie pour respirer les forces de vie et les mettre en lumière : pour nous, c’est aussi cela l’essentiel.

Si cela vous parle, d’une manière ou d’une autre, écrivez-nous !

Ariane/ J’ai entendu parler d’un lieu en Bourgogne … ?

T/ Oui ! Mais on t’en reparlera au printemps !